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Anecdotes d'hier et d'aujourd'hui - Page 163

  • petites dégustations

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    J’ai un sérieux problème que je n’arriverai jamais à résoudre : dès qu’arrive 11h le matin, j’ai faim, même si j’ai mangé à 9h c’est terrible !

    Mon père est pareil, mon frère aussi, mon grand-père souffrait de la même pathologie(quand nous allions manger chez mes grands-parents, une corvée, je raconterais un jour, si nous arrivions à 12h10 il avait déjà commencé à manger …)

    Mark est pareil depuis qu’il est tout petit, il souffre au collège quand il termine à 12h30 et qu’il doit faire la queue au self.

    Bref aujourd’hui je devais faire quelques achats dans une grande surface en préparation d’une soirée chez une belle sœur qui pend sa crémaillère.

    Je n’avais pas beaucoup de choses à prendre quand vers 11h ces terribles signent de faim firent leur apparition. Par chance, nous sommes vendredi et le vendredi, parce qu’il y a beaucoup de monde au supermarché ( à cause des RTT !) et bien il y a des charmantes hôtesses qui nous offrent des petits toasts au saumon, des carrés de fromage de tout sorte. Quel bonheur, j’ai fait des aller retour au rayon traiteur, étant en hypoglycémie c’est une question de survie.

    Et je me suis souvenue de ce jour en Californie ( oui ça fait bien) près de Sacramento, nous étions allées avec Maggie faire des courses. A chaque rayon, une dégustation, un vrai cocktail sucré salé. Nous sommes allés rechercher Peter et Jérôme qui étayent restés à l’extérieur et nous avons fait notre repas. Honte les Français mais oui. En fin de parcours une vieille dame est venue nous raconter qu’un jour quelqu’un en goûtant de toasts dans un supermarché avait  avalé une aiguille (a neadle !!)

    Elle conclut en demandant «  vous ne vous souvenez pas de cette histoire ?? » Ce qui nous a plus malgré tout ce qu’est la vieille dame nous ait prises pour des…. Américaines ! Est ce un compliment, en tout cas nous avons souvent raconté l’anecdote.

    Alors si vous avez faim, allez donc faire vos courses le vendredi …

     

     

  • Magasins Réunis

     

    cf22fca10f23d2910d6bae4629d5cce3.jpgNous allions très rarement en ville, ma mère ne conduisait pas. Il arrivait quand même que nous nous rendions à Cherbourg en train ou  autocar. Ma mère allait toujours à la banque faire des opérations, c’était un peu long, j’attendais sagement au guichet en regardant les écureuils(nous avions des tirelires d’écureuil en plastique dans nos chambres)

    Puis nous allions dans le centre ville aux Magasins Réunis.

    C’était un magasin de type Haussmann, deux étages, des escalators, des balustrades. Ma mère prenait toujours le temps d’aller voir une vendeuse qu’elle connaissait, son mari était cheminot il travaillait avec mon père. Elle portait une blouse bleue, elle était toujours bien coiffée. J’admirais les crayons posés à ma hauteur, dans des bacs transparents.

    Le rayon des jouets était incontournable, plein de poupées, des barbies et des trains miniatures, c’était splendide.

    Plus tard, c’est dans ce magasin que j’ai acheté l’album de Starmania qui à l’époque m’avait coûté une vraie fortune. Je l’écoutais en boucle sur un vieil électrophone dans ma chambre, je chantais toute seule « le monde est stone »à tue tête ou la « Chanson de Ziggy »

    Mon grand regret sera toujours de ne jamais avoir vu la version originale en spectacle.

    C’est ainsi, 25 ans j’aurai le plaisir d’interpréter des extraits cette année avec mes fous chantants.

    Je retourne de temps en temps à Cherbourg, j’aime beaucoup cette ville, son centre piétonnier, le magasin est toujours là, une enseigne de vêtements et accessoires s’y est installée. Je passe devant la boutique qui vend le « Véritable parapluie de Cherbourg »et fait du hasard, nous chanterons aussi un extrait de la comédie musicale de Jacques Demy

     
  • Chrysanthèmes

      10b42270b0af749f8c2512adcb3c9830.jpgA l’occasion des cérémonies du 11 novembre, les enfants de l’école primaire avaient pour mission de chanter la Marseillaise un bouquet de chrysanthèmes à la main après la messe.

    Nos instituteurs, un couple, n’allaient pas à la messe, nous imaginons des tas de choses à leur sujet, qu’ils étaient protestants ou… Bref l’idée même qu’ils soient tout simplement athées ne nous venait pas à l’esprit.

    Les vacances de la Toussaint étaient placées sous le signe de la détente et de la bonne humeur. Nous passions deux ou trois après midi à ramasser des pommes chez nous et chez mes grands-parents. J’aime, j’adore le cidre, j’en boirais bien à tous les repas mais le cliché bucolique de la cueillette des pommes en Normandie, je vous le laisse, merci ! Les mains rouges, transis par le froid et l’humidité (tiens on aurait pu prendre des gants ?) le nez qui coule, les genoux pleins de terre, les bestioles qui se collent sur les pommes et le tas énorme qui se forme et surtout la taille du verger avec les taches rouges et jaunes jonchées au sol, ça me semblait interminable.

    Je n’avais qu’une idée en tête, jouer aux lego avec mon frère en racontant n’importe quoi.

    Pour revenir aux commémorations, il nous fallait aller chercher des chrysanthèmes chez une grand-tante spécialiste de la fleur des cimetières.

    Alors là, cette grand-tante en question était à elle seule un monument historique.

    Elle vivait seule dans un deux pièces, une petite maison mitoyenne à celle de mes grands-parents. Tout le monde disait qu’elle était bête, évidemment elle était « vieille fille », ma grand-mère ( sa sœur ) la méprisait, mon grand-père la supportait. Je ne sais pas ce qui c’était passé, sans doute de vieilles histoires de familles, des » non dit », mais ce n’était pas la grande entente.

    Son jardin touchait celui de mes grands-parents. Avec mon frère nous allions flâner dans ce terrain et dès qu’elle entendait du bruit, elle arrivait. La pauvre, elle n’avait pas beaucoup de distractions, pas de télévision, sa maison était très sombre, elle utilisait très peu l’électricité, elle tricotait des bas noirs. Elle portait des couches successives de vêtements : chemises, jupes, bas plus chaussettes, sabots, blouse, et tablier …Elle avait un look très particulier, aujourd’hui on pourrait dire qu’elle était dans les tendances avec toutes ses superpositions. Mais comme elle était déjà bien ronde avec toutes ses couches de vêtements elle ressemblait à un oignon, un toute  petite tête et le reste très très large. En marchant, elle se déhanchait, elle était vraiment drôle car elle riait tout le temps, dès qu’elle nous voyait. Je crois qu’on était mon frère et moi, son petit réconfort. Bien sur elle était très curieuse, nous posait des questions, essayant de soutirer quelques infos familiales. Nous l’aimions beaucoup, elle nous faisait rire. Nous allions chez elle de temps en temps, son intérieur était sinistre, elle avait réputation de laisser des heures son café chauffer sur la cuisinière ( dès fois que quelqu’un viendrait..)Et surtout elle possédait une liqueur incontournable ! Son secret de fabrication était peu banal, sa recette fut divulguée un jour, elle rassemblait les fonds de bouteille et les mélangeait dans une  autre, terrible !

    La tante L cultivait des chrysanthèmes, pour qui, pourquoi, c’était son truc et aux vacances de la Toussaint on avait usage d’aller chercher chez elle des fleurs pour embellir les cimetières.

    Je ne garde pas de bons souvenirs de cette période d’Automne.

    Depuis que j’ai un jardin je me suis mise à récolter citrouilles et coloquintes . Le jour venu, Halloween pas la Toussaint nous creusons la citrouille, Ellen ou Rose s’habillent en sorcière, on allume des bougies autour de la cheminée. Ellen est heureuse, elle attend son anniversaire.je mets derrière moi ces tristes vacances de la Toussaint de mon enfance, placées sous le signe des pommes et des chrysanthèmes avec l’immense chagrin de cet octobre 77 où ma grand-mère nous quitta brusquement. Ce fut ce jour là la fin de tant de moments heureux. L’enfance qui fugua-t-elle aussi. laissant l’adolescence pointer le nez avec ses fardeaux
  • Rideau rouge

    fabaa9fba5122cb9f5c42f71e2002b86.jpgLe gros rideau se ferme sous des applaudissements, il se dégage de la salle un climat que je ne peux décrire. Je vois en coulisse notre chef Théodore qui appuie sur un bouton, coupant le son de la  scène. Le public ne bouge pas, reste debout tandis que notre pianiste relance la chanson d’Aznavour « nous nous reverrons un jour ou l’autre ».

    Dans le regard de Théodore, je lis qu’on ne peut pas partir comme ça, il appuie à nouveau et remet le son ( comme dirait le chanteur qui me sort le plus par les yeux Philippe Katerine)

    Dans la salle il y a des proches, ce n’est pas souvent : Jérôme et les enfants, la femme de Jeremy et ses filles, Marie Camille et son mari, les copines d’Ellen et peut être d’autres  .

    De la scène je ne les vois pas, ils me voient d’autant plus ce soir que je ferai un léger déplacement dans le public pour aller chercher un homme au hasard.

    Nous chantons encore et encore, saluons, le rideau se ferme et s’ouvre ; la salle est éclairée.

    Après plus de deux heures de spectacle nous sommes épuisés d’autant plus que la veille nous avons donné le même spectacle.

    Nous quittons la scène heureux de ce grand moment de complicité entre nous, cette disponibilité à improviser des petits moments de complicité, des regards échangés, des sourires, des rires …avec Patricia, Anna, Carla, Eléonore, Clotilde et les autres. Je retrouve difficilement Jérôme et j’aperçois Rose endormie sur un fauteuil rouge, elle était si heureuse de venir au spectacle mais la fatigue a eu le dessus.

    Je retrouve Mark joyeux et bien fier d’avoir tenu le coup, Ellen et se copines, tous se sont gavés de chewing gum, je leur avais préparé un sac à dos bien fourni ;

    Ils quittent la salle, rentrent à la maison.j’échange quelques mots avec d’autres, des blagues en veut tu en voilà comme d’habitude ;

    Vers minuit je rejoins la loge, échange encore quelques commentaires avec des soprane ( terme qui désigne dans un chœur celles qui chantent haut)Je quitte ma tenue, je pose tout en vrac dans le sac à dos, prend mes vêtements et descend retrouver les fous chantants.

    Nous prolongerons tard dans la nuit cette fête, trouvant je ne sais ou la force de chanter, brailler aussi en savourant de délicieux cakes. Nous échangerons des grosses blagues et aussi de beaux moments d’intimité, 2008 sera une année heureuse.

    J’ai une pensée pour Agathe qui nous manque.elle reviendra bien vite.

    Je trouve mon sommeil avec difficulté, la tête pleine de musique et de chansons avec une seule envie de remonter sur scène avec cette centaine de fous chantants …

  • Jazz Manouche

    Nous sommes allés récemment à une nuit de l’humour applaudir deux spectacles de bonne qualité mais pas forcement toujours à mon goût, au moins le premier. Je ne suis pas toujours bon public et suis assez admirative pour les gens qui sont explosés de rire facilement .Par contre , je suis capable d’être inconsolable devant un film, me surprendre à pleurer, ce fut le cas pour le film « la route de Madison » entre autre..et « Fatale «  de Louis Malle.

    Revenons à cette nuit de l’humour où nous avons retrouvé Peter et Maggie qui nous avaient pris des places, il y avait sur place un groupe de Jazz Manouche.J’ai déjà eu occasion d’entendre ce genre musical dans des bars la nuit. Je n’aime pas du tout, pire encore je pense qu’au bout de trois minutes je suis au bord de la crise de nerfs. Cette musique ne me parle pas, je crois que j’ai quand même essayé, rien à faire.

    Quand j’étais institutrice, j’habitais une petite ville où était organisé chaque année un festival de Jazz.Carol et Grégoire conviaient leur famille pour l’occasion. Toutes les sœurs ou presque déboulaient avec leurs compagnons( y’avait pas encore d’enfants à cette époque ) et assistaient à des concerts tout en organisant des jeux de société.

    J’ai fait de nombreuses tentatives, vaines, impossible le Jazz m’ennuie au plus au point même si je l’avoue j’ai vu de grands chanteurs ( Tuck &Patty entre autre)

    L’idée de mettre un Cd de jazz dans le lecteur CD m’est complètement irrationnelle.

    Je me suis parfois entendue dire « mais écoute donc ça, ce passage, ce big band «  horreur, je ne peux pas..

    Je me suis longtemps demandée pourquoi, pourquoi tant de rejet de ce style musical.

    Je crois qu’avant tout j’aime les mélodies et les voix. Celles qu’on peut fredonner, chanter tout seul …j’aime ce qui puissant, émouvant. Ce qui m’a plus le plus émut restera sans doute la Passion selon St jean de JS Bach, une œuvre que j’ai écouté, réécoutée des heures entières. J’aime sa dramaturgie, ses arias, et surtout la force des chœurs, ceux de la fin entre autre.

    Et voilà j’ai trouvé réponse à ma question, j’aime les chœurs, la force du «  chanter ensemble «  , ce que dégagent des voix qui s’accordent pour mettre en place un morceau émouvant, frissonnant …

     

     

  • Cassette

    Chris m’a donné une cassette sur laquelle il a enregistré des titres dont une partie du dernier album de Supertramp.Je suis seule dans la maison, je ne sais plus ou étaient partis mes parents, mon frère, ma sœur. Je glisse la cassette dans notre chaîne Hi-fi et j’écoute, une chanson d’une rare mélancolie, douce, délicieuse, sensuelle. J’aime la voix haute du chanteur, j’aime cette rythmique au piano, la chanson dure plus de 8 minutes, je suis bien il fait nuit. Je pense qu’il est 19heures et quelqu’un va bientôt rentrer dans la pièce, je rêve d’un chez moi, d’une liberté.. d’un ailleurs, la maison de mes parents me rassure mais je ne plus y vivre.

    Chris est fan de Supertramp, il y pense tout le temps, c’est notre ami de lycée, on se voit tous les jours ; Il est devenu professeur de piano, j’ai eu de ses nouvelles un jour, je lui ai écrit 20 ans après notre Bac, on ne s’est jamais revus. C’est dur de retrouver les vieux copains.

    Ellen vient de découvrir une chanson de Supertramp qu’elle aime beaucoup, je l’encourage à en écouter d’autres.

    Chaque fois que j’entends ce groupe, je pense à Chris…à son amie qui deviendra sa femme..

     

    http://www.youtube.com/watch?v=oQtX92vT30I&mode=related&search=

  • J'aime ,j'aime pas

    J’aime :

    -prendre mon courrier électronique

    -faire des potins avec des copains

    -le surimi

    -les périodes électorales

    -quand mon frère vient passer deux ou trois chez nous

    -Laurent Ruquier

    -me parfumer

    -fumer une cigarette en prenant l’apéro

    -les gens qui passent chez nous à l’improviste et restent dîner

    -trouver des légo dans un vide grenier

    -regarder Urgences toute seule sous la couette

    -offrir un bouquet de lys du jardin

    -découvrir un nouveau commentaire sur mon blog

     

    -Je n’aime pas :

    -faire le plein

    -avoir de la rouille sur les mains

    -fermer le portail

    -nettoyer le micro onde

    -faire un nœud au sac poubelle

    -me déshabiller dans une cabine pour essayer de nouveaux vêtements

    -les endives au jambon

     

    Je déteste

    -Les émissions de Cauet

    -les femmes qui portent des lunettes de soleil sur la tête en plein mois décembre à 9 heures du soir

    -découvrir qu’un de nos animaux est mort

    -devoir l’annoncer aux enfants

    -ouvrir une enveloppe m’annonçant des résultas d’analyses médicales

    Ca m’énerve :

    -les « mecs «  qui se promènent avec leur copine en le tenant par la poche arrière de son jean

    -les gens qui disent qu’ils ne regardent jamais la télévision en méprisant ceux qui la regardent

    -choisir un objet et m’entendre dire qu’ils n’est plus disponible dans le magasin

    -ceux qui vont voir des films d’auteurs ennuyeux parce qu’ils ont lu dans Télérama qu’il fallait absolument les voir

    -les gens qui nous font la bise alors qu’on ne les connaît pas du tout

    -ceux et celles qui comparent « Urgences «  aux « Feux de l’amour « 

      ET VOUS ???
  • Miss France

    Cela fait fait quatre jours que je suis partie de la maison, je rentre par une journée froide de décembre, ensoleillée. Mark et Ellen sont heureux de ce retour, je retrouve mes odeurs, mes lieux, ma chambre est toute propre.

    Je suis fatiguée, mais en forme, sereine, confiante.

    Vers 20h30, j’ai envie de regarder la télévision, je sais que ma nuit sera longue, que je serai réveillée souvent.

    Les programmes sont peu réjouissants, sur une chaîne, le Téléthon, je n’ai pas vraiment le cœur à regarder ces enfants souffrant de diverses maladies.

    Je zappe, sur l’autre chaîne, c’est l ‘élection de Miss France, de mieux en mieux. Les programmateurs n’ont rien de mieux à m’offrir pour me détendre, rien d’autre qu’un appel aux dons et aux votes. Je peste à peu mais je pense à mon petit ange qui va bientôt se réveiller..

    Rose a quatre jours, elle débute sa vie et viens de poser les pieds dans sa maison, c’est notre cadeau à tous, je me sens parfaitement heureuse, sais que c’est la dernière naissance que j’ai vécue, je savoure cet instant unique …

    Les belles défilent en souriant, je prends Rose  dans les bras, je lui donne le sein, elle paraît si douce et sereine.

  • Etrennes

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    Après Noël, nous attendions nos étrennes. Nous avions tous un parrain et une marraine qui avaient coutume de nous offrir quelque chose pour la nouvelle année

    Ma sœur Fiona allait voir mes grands-parents maternels, outre l’ambiance très austère qui regnait chez eux, en fin d’après midi, ma grand-mère lui offrait quelques francs et nous avions droit à un bonbon acidulé déposé dans une tasse transparente.

    Mon frère allait voir son parrain, ils habitaient avec ma tante une toute petite maison de deux pièces, un sapin était posé sur le réfrigérateur ; Mon oncle donnait un billet de cinquante francs à mon frère.

    Mes grands-parents maternels étaient aussi mon parrain et marraine, par tradition …

    Ils allaient toutes les semaines à Cherbourg  vendre des œufs, ma grand-mère adorait faire les magasins, traîner en ville. Un lundi, j’ai entendu la 2 chevaux s’arrêter chez nous.

    Elle m’offrait toujours des jouets, ce jour là, je devais avoir 9 ans, elle m’a tendu un gros paquet. A l’intérieur j’ai découvert une splendide poupée mécanique,une Sébino, qui berçait un poupon dans ses bras sur la berceuse de Brahms.Je l’ai contemplée des heures, je l’ai gardée intacte, elle fonctionne toujours. Plus tard ma grand-mère couturière lui confectionna une robe rose.

    En classe, j’avais rédigé un texte libre sur cette poupée et le maître d’école m’avait proposé de l’emmener pour la monter aux autres. Ce fut le plus souvenir de ma vie à l’école primaire, le reste je ne m’en souviens que très peu, saufs quelques situations traumatisantes que je tairai …

    J’ai laissé cette poupée chez mes parents.

    Ma grand-mère possédait une autre poupée, une normande habillée en noir. Elle était dans l’armoire de sa chambre, je n’avais pas le droit d’y toucher.

    Après sa mort, j’ai demandé à avoir cette poupée, je l’ai déposée dans la vitrine de mon sectaire, elle y est encore. Ces objets arriveront un jour dans ma maison, je le sais, le plus tard possible …

    J’ai gardé une véritable passion pour les poupées, je les regarde dans les magasins, en offre à mes filles, elles ne jouent pas avec, elles les gardent sur une étagère, de temps en temps Ellen les rapatrie pour quelques nuits dans son lit …je conserve tous leurs vêtements, leurs chaussures, un jour elles quitteront à leur tour notre maison, le pus tard possible …

     
  • Bientôt Noël

    Nous n’avions pas l’habitude de fêter Noël de manière excessive. Ma mère sortait une boite contenant quelques boules et trois guirlandes, mon père apportait un houx trouvé dans les champs et sous la table de la télévision nous installions une crèche faite de santons que nous avions gagné dans une station essence, la peinture était grossière, le vernis éclatant.

    La décoration prenait une quinzaine de minutes …Le soir nous mangions dans la salle à manger, je ne me rappelle plus quoi. Souvent il y avait des programmes de variétés à la télévision, les vedettes avaient des tenues qui brillaient comme les micros, je me souviens surtout de Thierry le Luron qui portait un costume trois pièces avec un gros nœud papillon.

    Le lendemain matin nous allions chercher nos cadeaux, je me souviens d’une dînette, en plastique, peu solide, je l’admirais, les couteaux ont cassé très vite, j’ai toujours gardé les morceaux, j’essayais de les recoller avec du ruban adhésif..

    Un matin, je me souviens avoir reçu un parapluie marron, j’étais très déçue, j’ai souvenir d’avoir pleuré longtemps dans mon lit …

    Plus tard nous allions fêter Noël chez mon oncle. Celui du pique nique de l’été.

    On retrouvait les mêmes, ils avaient une guirlande qui clignotait dans le sapin, je trouvais ça beau. Vers minuit on ouvrait les cadeaux, les cousines avaient des tas de paquets, nous n’en avions qu’un seul. Je me souviens très bien du jour où j’ai reçu une poupée Barbie, une vraie, elle était splendide, avec un vêtement rouge magnifique, je l’ai encore.

    J’offre beaucoup de cadeaux pour Noël aux enfants, ils aiment ouvrir plein de paquets, se souviennent longtemps de ce qu’ils ont reçu. J’entasse plein de choses toute l’année dans des boite et le jour J, j’enveloppe tout ça …La maison est scintillante, la cheminée clignote, les bottes sont posées sur son manteau, c’est un moment heureux pour nous …

    J’ai réalisé très tard qu’enfant j’attendais Noël avec impatience mais que ça restait un moment fait souvent de plein de frustations, de regrets aussi …

    Mes parents adorent quand nous allons chez eux pour le réveillon, ma mère ressort les mêmes boules, les mêmes guirlandes, ça fait rire Ellen. Les enfants ont toujours un paquet au pied du sapin, mes parents sont plus que généreux  lors de ces fêtes là …

  • Cantine

    Rose mange à la cantine deux à trois fois par semaine, depuis le début de l’année aux dires des professionnelles qui l’accompagne, elle ne mange presque rien, se contente d’un morceau de pain et parfois d’un dessert. La dernière fois, elle a beaucoup pleuré elle était incontrôlable et elle m’a dit’ « je voulais toi.. »

    Ca me fend le cœur de la voir réagir ainsi, certes à la maison, elle mange bien, à l’extérieur très mal, se méfie, à peut être peur de ne pas aimer, ou de ne pas savoir ce qu’elle mange.

    Au sujet du goût chez les jeunes enfants, je ne sais pas tout, mais je sais une chose : les goûts changent, évoluent en grandissant. Rose aime les crustacés, le homard, les crevettes, le pâté ; le fromage, les pâtes, les fruits, les glaces, les gateaux. Elle n’aime pas les œufs et les pommes de terre.

    J’écoutais une émission à la radio avec comme invité un défenseur du goût et de la bonne cuisine, très médiatique, et qui porte de ridicules lunettes..

    Les auditeurs appellent en dénonçant tel ou telle société de restauration collective, tel ou tel restaurant scolaire, ils s’autogratulent en disant qu’ils font leur marché avec leurs enfants, qu’ils les ont toujours emmenés au restaurant, qu’ils ne leur ont jamais donné de petits plats cuisinés …Ça m’énerve, je ne supporte pas ces donneurs de leçons ( en général bien lotis ) qui se mettent en avant. Chacun fait comme il peut, et pardon je constate que quand même les enfants aiment tous: le steak, les frites, les escalopes et les spaghettis. Mes enfants adorent le sabre mais au prix que c’est je ne vais pas leur en faire toutes les semaines. Et puis cuisiner prend du temps, il faut des produits frais, beaucoup d’ingrédients, les contraintes de la vie quotidienne obligent bien des familles à user de génie pour gagner du temps …

    Chez nous, on mangeait bien, la tradition normande avec des excellents produits ( surtout le rôti de porc qui garde un goût exceptionnel) Ma mère cuisinait basiquement mais c’était bon, on se régalait car on connaissait le goût. Ellen adore la poule à la crème de sa grand-mère, Mark adore le gigot d’agneau de grand-père et le riz au lait de sa mamie …Les goûts sont liés aussi à de doux instants, les saveurs qui rassurent, qui durent dans le temps.

    Je transmets ça à mes enfants, Ellen va à la piscine le lundi soir, quand elle rentre fatiguée, elle a faim, un plat de spaghettis bolognaise l’attend, rien de bien compliqué, elle rentre dans sa maison, retrouve ses proches, l’odeur accompagne cette transition.

    Je n’aimais pas aller à la cantine, c’était trop bruyant, trop hostile, bousculades, cris …

    Un jour, en faisant la visite du self du collège des enfants m’est réapparue cette odeur si particulière, une odeur de lait, de produits ménagers, de friture …J’avais les larmes aux yeux, je me suis retenue de ne pas pleurer, revenaient en moi des moments difficiles de séparations, je n’avais jamais mangé à la cantine avant l’âge de 11 ans …

  • Cross

    Ellen a fait un cross hier avec le collège, rien de tel pour la mettre de mauvaise humeur, elle déteste courir, n’aime pas la compétition…

    Je lui dis qu’elle ne peut pas être bonne dans tout, que pour certains la musique est une véritable torture, d’autres les rédactions ( de ce côté elle a des atouts) pour d’autre encore les arts plastiques. Elle sait tout ça et cela ne resout rien au fait que bien sûr elle se hurler dessus pendant les matches de hand, qu’elle est toujours la dernière choisie.

    J’ai toujours eu une sainte horreur du sport et de la gymnastique, je n’aime aucun sports, l’odeur des vestiaires ( sueur, caoutchouc, déodorants et j’en passe) me révulse, je m’en suis complexée pendant des années. Je vous épargne mes commentaires sur la piscine…

    Je me suis toujours sentie inférieure en sport, lourde, maladroite, limite handicapée. A cause de mon traitement, j’étais persuadée que je ne pouvais rien faire. Mon corps devenait un vrai boulet, j’acceptais ma tête mais le reste …les profs ne m’ont jamais encouragée quand je me vautrais désespérément sur les tapis de sol, quand je m’arrêtais devant la corde du saut en hauteur. Le pire c’était le cheval d’arsaut, il me semblait qu’il faisait dix mètres de haut..

    Jusqu’au jour où je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule. Avec mon amie Chloé n’ayant pas un attrait passionné pour les sports Co nous étions de côté, papotant pendant des heures en gloussant. Un jour, notre prof de sport lassé et découragé de devoir gérer de telles adolescentes (en même temps nous étions tellement gentilles qu’elle ne pouvait pas nous en vouloir ) nous posa la question suivante « oh mais qu’est ce que vous voulez faire ? » Nous avons répondu « du ping pong ! »Eh oui, la salle était au sous-sol du lycée, nous étions souvent seules, nous échangions quelques balles en rigolant et ensuite nous nous asseyons sur un banc, pour de longues conversations et bien sur quelques ragots.

    Depuis , je ne pratique aucun sport , ma voix est mon seul outil, je parle, je chante sans cesse …j’ai surtout eu la chance de découvrir que mes mains m’offraient bien des ressources créatives. Depuis j’ai également rencontré plein de gens qui comme bannissent le sport..

    Ce qui m’énerve quand même le plus, c’est quand on me dit « si, tu devais t’y mettre, c’est important pour l’équilibre.. , Ça défoule.. » Tout ça je le sais, sans doute que bientôt je ferai quelques exercices de maintien, mais ce sera moi qui en déciderai car je n’oblige personne à chanter, ou rien d’autre ……Par contre, il nous arrive de chanter dans une salle de sports et nos loges sont simplement…des vestiaires !

  • Charcuterie

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    Rose a changé d’école. Je suis allée plusieurs fois par jour depuis 10 ans chercher les enfants dans une école populaire où petit à petit des problèmes sont  apparus. Nous avons choisi de lui  proposer un autre établissement scolaire, j’ai donc changé d’habitudes. Je ne retourne jamais de l’autre côté du boulevard, seulement occasionnellement pour aller à la poste.

    Tous les jours je passe devant une charcuterie réputée mais au charme un peu désuet.

    Paul vient de racheter cette charcuterie, il a lâché un travail très prenant pour lui. avec plein de contraintes …

    Paul est un ami de chœur, c’est un homme drôle, plein d’humour, il adore la table, la fête ; la chanson. Je l’estime, je l’adore …

    J’aime beaucoup sa compagne aussi Eléonore, elle est fraîche, discrète mais tellement chaleureuse. Ils se sont rencontré dans notre troupe chantante, et leur histoire nous a beaucoup touchés…Ils viennent d’acheter une maison en pleine campagne le long du halage, une belle restauration qui leur va bien.

    Dans quelques semaines, Paul va prendre possession des lieux, aménager son « affaire » avec passion, communiquer son métier, transmettre à son équipe son savoir. Je suis contente pour lui, Jeremy aussi va changer de travail, il a été très préoccupé pendant les mois d’été de son nouveau statut.

    Bientôt avec Rose, nous nous arrêterons à la charcuterie acheter du pâté, elle adore ça, je dirais à la vendeuse que Madame T est passée, si le patron est là, il viendra me faire un gros bisou, nous rirons un moment, je le laisserai vite retourner à sa tâche, je parlerai de lui comme une révolution culinaire pour le quartier et les parents bobos ( oui on a changé de population en changeant de quartier) iront passer commande au plus grand traiteur de la ville, mon ami Paul.

     

     

  • Transports scolaires

    La porte du car s’ouvre, nous essayons de monter dedans, il fait chaud à l’intérieur, ça sent mauvais, les plus costaud nous bousculent, difficile de se frayer un chemin, les sacs et cartables posés en vrac dans le couloir central s’entassent.

    Le chauffeur s’installe, il hurle, tous les adolescents répondent et sifflent, il règne une excitation sordide, il démarre brutalement, ça fait un boucan d’enfer. Je suis au collège, je déteste tout au collège, les trajets qui n’en finissent pas, les heures de permanence, les pionnes, les profs qui méprisent leurs élèves, l’agressivité sur la cour, les toilettes pas entretenues, la pluie, le froid, la cantine..

    Le chauffeur est toujours un peu alcoolisé, le patron de la compagnie de transports scolaires possède de vieux cars qui tombent souvent en panne. Il a un fils handicapé qui prend parfois le volant d’une ancienne ambulance pour emmener les gamins qui n’ont plus de place dans le car.

    C’est plutôt flippant mais en même temps très drôle comme situation quand on voit aujourd’hui les mesures draconiennes prises en terme de sécurité dans les établissements scolaires. J’ai appris que désormais les écoles maternelles n’ont plus le droit d’utiliser la traditionnelle colle à papier peint, bientôt les enfants ne colleront plus rien. Ce sera plus simple.

    Je rentre chez moi, fatiguée, j’ai 12 ans, envie encore de jouer, de me détendre et mes journées ne sont faites que de contraintes, de stress d’avoir oublié quelque chose, avoir des mauvaises notes. Nous avons le ventre serré des 7 heures le matin et aucune activité de loisirs ne s’offre à nous …Rien, juste la télévision, les séries, les premiers mangas, les émissions de Stéphane Collaro et le dimanche des sorties dans cette famille qui nous est aussi hostile.

    J’ai accepté toutes ces années avec résiliation, j’avais au fond de moi la certitude que ma vie d’adulte je la choisirai. Je me projetais déjà en 2000,imaginais mes enfants , mon quotidien avec une maison bien chauffée, confortable.

    Je me suis construite, battue pour accéder au métier que je voulais faire, aujourd’hui nous habitons à 200 mètres du collège, Mark fait de sport et du piano, Ellen fait du théâtre, de la danse …Rose chante et virevolte dans la maison. Ils ont parfois du mal à imaginer notre quotidien   des années 70, ma mémoire a occulté toute cette période, il ne me reste quasiment aucuns souvenirs, l’essentiel est ce qui s’est passé ensuite  et ce qui reste à venir …

  • Prénoms

    C’est avec une certaine aisance que je suis capable de me rappeler prénoms des gens que je rencontre. Avec mon ami Léo nous nous mettions au défi de mémoriser les prénoms de 60 enfants en centre de vacances en 3 jours. Quand j’étais institutrice, je connaissais les prénoms de mes élèves dès le lendemain de la rentrée.

    Maintenant je repère les prénoms de mes stagiaires dès la première journée. J’y accorde beaucoup d’importance, un prénom, c’est ce qui fait l’individu, on l ‘aime ou on le déteste son prénom, mais on doit le garder toute sa vie. Il y a des gens qui changent de prénom, prennent un diminutif …d’autres prennent un pseudo, je l’ai fait moi-même juste pour ce blog.

    Quand je mets un post sur un forum, je garde mon prénom d’origine, celui de Jeanne qui  est lié uniquement à l’écriture …

    Marc m’a laissé un commentaire sur la présence constante de prénoms dans mes récits. J’ai donné un pseudo à mes amis, je souhaite qu’il leur convienne, je suis tout à fait prête à le changer s’ils ne l’aiment pas. Les prénoms sont parfois déformés ,ou diminués c’est souvent par affection mais les enfants peuvent être cruels aussi entre eux dans la moquerie.

    Je suis incapable de retenir plus de deux numéros de téléphones, à peine mes codes bancaires, je suis fâchée avec les chiffres depuis plus de 30 ans, je me rassure en me disant que la mémoire est sélective et qu’elle fonctionne chez moi sous cette forme là, l’importance du prénom …