Par un beau soleil automnal, je suis installée dans la cave (qui n’est pas au sous sol) en train de peindre les tiroirs du lit plate forme que Jérôme a confectionné pour Mark cet été.
J’aperçois une silhouette qui descend le chemin du jardin…et je reconnais Odette(je vais l’appeler comme ça elle détesterait sûrement)
Zut, mince j’ai surtout pas envie. Et puis on a plus d’interphone, habituellement elle passe chez moi, sonne au portail et je ne réponds pas ou je lui dis que je dois partir chercher les enfants à l’école..
Pas très franche La Jeanne, je vous l’accorde !
Maintenant quelques explications..
J’ai connu cette dame il y a une dizaine d’années quand je suivais des cours d’arts plastiques.
Au début je la trouvais drôle, assez originale avec une certaine classe. Elle s’est vite intégrée au groupe.jusqu’au jour où elle me félicita d’avoir de beaux enfants bien blonds avant de déverser des propos plus que racistes et xénophobes sur les familles maghrebines ( j’en passe, immonde..)Je n’ai pas su quoi lui dire, passé un certain âge, c’est comment dire vain de convaincre les gens et comme en plus elle était sourde.
Une autre fois nous dînions au restaurant avec le groupe, elle se montra méprisante et ignoble auprès du personnel.
J’ai appris ensuite qu’elle avait exploité un ami de notre groupe en utilisant sa naïveté, elle lui avait demandé de l’aide pour des travaux sans jamais l’indemniser.
Cela m’arrive rarement de rejeter quelqu’un mais délibérément j’ai choisi de ne jamais lui donner mon amitié et de mon temps.
Et voilà ça fait presque 10 ans, et elle revient, assez vieillie il faut bien le dire.
Je continue ma peinture, elle se tient debout à côté de moi, fait des commentaires, me pose des questions, n’écoutent pas les réponses. Elle me parle de ses problèmes de santé, de son hospitalisation récente et je comprends qu’elle est seule, vraiment seule..
Il fait beau, nous faisons le tour du jardin, je lui montre mon bassin, mes lapins, elle me dit qu’elle est contente de m’avoir vue, que c’est un rayon de soleil ce petit passage..
Je suis restée distante, sereine, je ne lui ai dit rien de méchant, rien de gentil non plus.
Quand elle est partie, je me suis demandée, pourquoi je me retrouvais dans cette situation, que c’était vraiment banal pourtant, qu’il y a plein de gens qui s’accrochent à ce qu’ils peuvent.
Je dis et je redis à mes enfants qu’il faut faire preuve de grande tolérance, de politesse, de respect et que l’on sème ce qu’on récolte.
Odette va vivre encore quelques années, seule, son fils est loin, elle le voit rarement..
Je ne sais même pas si j’étais informée de sa mort …