Quelques jours plus tard, je me rends dans le Nord Cotentin pour l’enterrement de ma grand-mère. C’était au mois de juin, il pleuvait beaucoup, je n’avais pas l’habitude de rentrer dans cette petite église, je me souviens que c’est là que mon filleul Victor, avait été baptisé.
Quand mon grand-père est mort, j’étais en voyage, à mon retour il était enterré, cela ne m’a rien fait, ni peine, ni chagrin. Je reparlerai un jour de cet homme, patriarche et un peu terrifiant.
En fait l’éloignement géographique m’a épargnée de voir leurs corps sans vie, je preffere garder l’image des proches telle qu’ils apparaissaient, même vieillis..
Je pense que je n’avais pas besoin de faire un deuil, ce fut totalement différent pour Betty , j’ai eu besoin de rester à côté d’elle, d’effleurer longtemps son foulard, lui rendre l’adieu que j’avais pas pu faire, fort heureusement lors de notre dernière rencontre.
Dans l’église, toute la famille est regroupée, ma tante avec tous ses enfants, pleins de cousins que je n’ai pas vus depuis dès années, plein de gens avec qui je n’ai pas de liens, juste ceux (forcés )du sang.
Une jeune femme arrive en retard, elle porte un manteau de fausse fourrure noire ( nous sommes quand même en juin), elle a des cheveux blonds, permanente ringarde, maquillage excessif. elle ressemble à ces riches héritières que l’on voit dans les émissions style « Capital « ou « Zone interdite »
Mais qui est cette femme, elle a du se tromper de lieu ??Je ne la connais pas, elle dénote visiblement avec le monde présent dans l’église ?
Dans le cimetière, je salue les frères et sœurs de mon père. »Mais c’est Jeanne, on ne t’a pas reconnue ? »
Etant donné que lorsque j’ai épousé Jérôme je leur ai envoyé une non-invitation, en sent encore de l’amertume.
Puis les langues se délient « vous avez vu Jessica ? Oh cette allure.. »
Et oui, c’est ma cousine Jessica qui ressemble à une poule de luxe, oh mon dieu quel look, grotesque. Allez on dira qu’elle a fait fortune, que le commerce lui a réussi, je ne l’ai pas vue depuis des années, je me souviens d’elle que lorsque nous étions enfants.
Je suis sereine et soulagée d’être partie, d’avoir vaincu cette famille ou la culture n’était pas bienvenue, cette région insulaire qui m’étouffait, source de tant de blessures et d’incompréhensions.
La mort de ma grand-mère fut la fin définitive de cette enfance et adolescence douloureuse, j’ai tout reconstruit ailleurs, il ne me reste là bas que ceux qui me sont chers, mes parents, ma sœur et mon frère, c’est amplement suffisant …