Depuis quelques semaines, le samedi soir, nous sommes invités chez des amis
Des rendez vous pris depuis longtemps ou improvisés la veille, parfois on y va à deux, ou à quatre , ou à trois , les enfants ne nous suivent plus à présent, c’est un autre rythme, une autre forme de sortie
Avant chaque départ, toujours le même rituel, je me prépare, je choisis une tenue adaptée, pas trop chic , mais pas ordinaire, des bijoux assortis , je me maquille, je prépare un dessert ou des saveurs à picorer, un bouquet ou un petit présent, et puis ….
Un étrange sentiment traverse mon esprit, je doute, j’ai un peu peur, pas de mes amis, mais de moi-même
J’ai peur de les décevoir, de ne pas avoir assez d’énergie, pas assez d’humour, de ne pas être assez disponible
J’ai peur d’avoir un gros coup de fatigue, j’ai peur de ne pas avoir de conversation
Cela peut paraître tout bêtement vaniteux, je ne sais pas, ce besoin d’être à la hauteur
J’ai parfois été introduite dans des réseaux amicaux, j’entendais des mots chaleureux, des personnes qui organisaient des dîners pour que j’en croise d’autres, des dîners explosifs, de gros délires nocturnes, ces moments où après deux ou trois apéros le rideau se baisse et chacun se laisse aller de belles divagations de quadragénaires plutôt épanouis
Je suis allée à un dîner, il y a quelques mois, j’étais plutôt éteinte, c’est rare, on attend toujours Jeanne blagueuse et animatrice
J’avais vu mourir mes chatons ce jour même
Je m’en voulais de ne pas avoir été capable de faire abstraction de ce « petit malheur »
Fort heureusement, avec mes amis, nous en avons reparlé
Ais je un besoin constant de ne pas laisser entrevoir mes faiblesses ?
J’explique aussi cet état, cette peur de ne pas être à la hauteur, par le fait que mon travail me demande énormément d’écoute, et de capacité à assimiler les soucis de mes stagiaires
Et parfois, c’est lourd, je me sens happée, je fais face
J’ai décidé quand je le peux, de me laisser aller à des conversations plus que légères aussi, des petits potins, des trucs sans intérêt, si ce n’est le pur plaisir de la proximité, de la rencontre spontanée
J’ai décidé aussi, à mon tour d’organiser d’autres dîners.